![]() |
Anne-Valérie Dupond
Anne-Valérie Dupond assemble des bouts de tissus, portés, abandonnés, historiquement marqués, pour en faire des poupées, des trophées, des bustes ou des toiles. Coudre, elle ne sait pas, dit-elle. Sa technique ne vise pas une perfection froide, sans vie. Au contraire elle pointe à coups d’aiguilles le pli, le creux, la marque de l’identité et du temps. Elle dessine des parcours de fils noirs qui sculptent l’expression d’un visage, la posture d’un corps, la consistance de la chair. Non, elle n’est pas de ces couturières infirmières qui referment et cicatrisent les coulisses de l’intime.
Avec humour et ironie, elle pique dans le vif de l’ordre social, supposé naturel, qui oppose l’homme et la femme. L’autorité d’un aïeul patriarche ou la gloire passée des grands hommes, se posent sur des bustes de draps blancs, sûrement conjugaux, passés à la colle de peau. Tandis que les formes érotiques des pin-up, ou celles sensuelles des jeunes filles, s’étoffent pudiquement dans des postures aguicheuses ou alanguies, séductrices ou séduisantes. Anne-Valérie Dupond joue de cette inégale répartition des rôles, mais ne nie pas les différences. Elle préfère les explorer pour mieux s’approprier toutes leurs richesses.