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Maria Gojevic

 

Le grand thème du travail artistique de Marica Gojevic est la recherche sur les phénomènes de l'identité.
Qu'est-ce qu'une identité? Quelle est sa construction? Quelles sont les conditions de sa construction? Une identité? Des identités? Dans ses vidéos, ses installations et ses performances, l'artiste se fait à la fois chercheuse et objet de recherche. Ses œuvres sont d'une expression calme, dense et rayonnante, et en même temps d'une fragilité extrêmement chatoyante. Elle voile et elle dévoile le privé, l'émotion, la vulnérabilité. Marica Gojevic est née en 1968 en Croatie, son père et sa mère travaillant en Suisse, elle a passé ses premières années avec sa grand-mère dans un hameau de montagne des Alpes Dinariques. Peut-être, les douleurs causées par la séparation de sa grand-mére et de ce qu'elle croyait être le monde, sont-elles une des sources de sa sensibilité artistique. La rentrée de sa mère et la naissance d'un petit frère menaient à l'installation de la famille au bord de la Méditerranée et pour la première fois, Marica était forcée de s'exposer, de se confronter et de s'adapter à une culture différente, tout à la fois fascinante et angoissante. Seule. Une expérience qu'elle a répétée consciemment et inconsciemment.


Traum Roter Faden 2002 (Rêve. Fil rouge.)

Dans cette installation vidéo, nous rencontrons deux femmes, toutes deux représentées par l'artiste. De la première, on ne voit que des mèches de cheveux, des parties de la nuque et les épaules, dans une lumière érotique. Le long cheveu rouge n'est pas vrai, il est manifestement artificiel, comme cela est populaire chez des Africaines. Une peau blanche apparaît à travers le cheveu. L'autre femme porte un foulard rouge. On ne voit de son visage que le front et les sourcils. On ne voit pas ses yeux. Le foulard tout comme les cheveux rouges intercalés voilent l'identité propre des femmes. Ils sont des attributs que perçoit le monde extérieur qui se fait une image de l'identité des femmes. A partir de préjugés et de rêves. Les projections s'évanouissent à chaque fois, dans le noir. Où elles en surgissent. Parfois, toutes les deux s'évanouissent en même temps laissant les spectateurs dans l'obscur.Texte de Ruth Grund